Le Génie du bavardage

Publié le : 15 novembre 20173 mins de lecture

Que mes filles soient bavardes, c’est un fait, une évidence, un don, un cadeau de naissance, le bénéfice d’un gène hautement productif.
Il en ressort moult avantages : avoir l’oreille aiguisée sur les aventures de cour de récrée, surtout savoir si c’est Chipounette qui a commencé à tirer d’abord sur la robe (quand c’est ma princesse qui raconte…) ou si ma princesse a commencé à pousser (quand c’est chipounette qui raconte…).
Impossible aussi pour elles de (me) cacher quelque chose, ou immédiatement Pinochio apparait dans leur regard, le nez s’allonge, les yeux vrillent vers le bas, la tête disparait sous une avalanche de cheveux…
Un avantage essentiel, donc.
Tout avantage ayant un inconvénient, mes deux chipies ensemble donnent un concert ininterrompu de phrases, aventures, devoirs et envies racontées qui finissent en une logorrhée verbale telle que je ne les entend plus, surtout quand elles s’appliquent à parler – forcément – en même temps.
C’est donc ainsi qu’hier devant l’école, j’avais l’œil et l’oreille distraits d’observer des grappes d’enfants sortir par paquets de la ‘grande’ porte de l’école – il faudra que je vous en reparle une autre fois – sans je l’avoue – prêter grande attention à la bouche ouverte de ma princesse – qui toute fraiche de sa sortie de classe produisait déjà une nouvelle symphonie de sons.
Je m’employais tout au plus à essayer de guider vers cette bouche les éléments d’un goûter – dans l’espoir (vain) – que c’était cela dont elle avait besoin.
Non, même remplie, la bouche s’exprimait toujours, quoique dans des tonalités plus sourdes, incluant des scrouch scrouch qui venaient en parasiter le sens.
C’est donc par chance que les fragments du discours du moment parvinrent – à activer mon cerveau inattentif.
De surprise, je dû m’arrêter pour regarder ma princesse essayer de finir sa phrase.
Je l’avais simplement – mais distinctement – entendu dire la chose suivante : …et puis Lucille…et alors Mariel…et tu sais, comme moi je suis très intelligente, j’ai tout de suite compris que…
Je ne saurai jamais ce qu’elle avait compris tant la conclusion me paraissait secondaire.
Le soir venu je racontais la scène à The Papa.
Il réfléchit à ce qui pouvait bien générer un tel égo et finit par me dire ‘Bah non, je ne vois pas d’où ça peut venir…dans ta famille, personne n’est intelligent…et dans la mienne…on ne se vante jamais. Non, c’est quand même curieux.’
Ben tiens.

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